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A l’arcq à ung de ses gens et tantôt passa Seine, et ala en son hostel à Rouen qui estoit dessus la riviere et entra en la salle, et se mit <à aler et venir et estant apuié sur un banc estraindoit ses dens et puis s’asseoit et incontinent se levoit ne en nulle, place ne povoit arrester et si ne lui osoient ses gens riens dire. A ceste heure arriva vers lui ung sien Seneschal qui estoit bien privé de lui, qui entra dans la salle auquel chascun demandoit quelle chose le Duc va avoit. « Ja bientost le scarez » dit le Seneschal. Lors passa oultre et dist au Duc « Sire, pourquoi cellez-vous vos nouvelles ? Vous n’y gaigniez riens » il est commun parmi la ville que Edouart Roy d’Engleterre est mort et que » Herault est parjuré vers vous, et s’est fait couronner Roy » «Il est vérité, » dit le Duc si me poise de la mort d’Edouart et de Herault qui me fait » tort ». Lors lui dist un moult vaillant Chevalier nommé Guillaume le filz B Osber « Sire nul ne se doibt courroucier de chose qui peut estre amandée. » Vous amenderez bien le tort que Herault vous fait, se à vous ne tient » et le destruirez s’il vous plaist. Vous avez droit, vous avez bonnes gens, » il ne vous faut que bon cuer emprenez hardiment. Chose bien emprinse est » demie achevée ». Et ainsi Guillaume le fils Osber appaisa le Duc en son courage Quant le Duc fut appaisié il manda ses Conseillés qu’il avoit à Rouen irf et par leur conseil envoia messages notables en Engleterre devers Herault, lui sommer qu’il tenist son serment et lui feist raison. Mais Herault leur respondi orguilleusement que il n’estoit de riens tenu à Guillaume, et ne le doubtoit de riens. La response oye Guillaume l’envoya deffier par deliberation de son conseil et quant Herault ot esté deffié, se il avoit orguilleusement respondu encores le fist il pis, et dist queja la fille du Duc il ne prendroit C ne lui ne sa puissance il ne doubtoit. Lors assembla le Duc Guillaume de ses especiaulx amis, c’est assavoir Odon Evêque de Bayeux et Robert le Comte de Mortaing qui estoient ses freres de par sa mère, Robert le Comte d’Eu, Rogier du Montgomery, Guillaume le fils Osber sire de Breteùil Gaultier Guiffart Conte de Longueville et Rogier des Vielles sire de Bellemont. Lors leur dist et compta comment Herault lui avoit menti sa foy et lui voulloit tollir Engleterre. Si leur demanda conseil et ils r espondirent tous à ung acord « Sire là » chose ne fait pas à laissier en celui estat vous le pourchasserez se Dieu plaist » et quant est de nous, il n’y a nul qui ne vous serve et aide de corps et de » biens, ne ja pour terre vendre et engagier ne vous lairons et en ce fait avez » besoing de l’ayde et du conseil de vos amis si les faites tous assembler et » leur remonstrez vostre fait et les requérez de ce qui vous est nécessaire et 13 » besoigniez par leur conseil car raison est que qui paie l’escot, qu’il soit à » l’asseoir ». Lors fist le Duc assembler gens de tous les estats de Northmandie, et leur monstra comme Herault s’estoit parjuré et lui avoit tolu et voulloit oster son droit et leur pria que ils le voulsissent conseillier et aidier et ils dirent que ils y aroient advis, et se trairent à part. A ce conseil y ot pluseurs opinions, et disoient les ungs que l’en lui aidast de navires et de vivres les aultres disoient qu’ils passeroient la mer avec lui aucuns disoient qu’ilz n’avoient pouoir de lui aidier, pour ce qu’ilz devoient assez, et n’avoient riens. Et s’assembloient partout illec en troupeaulx ci x, ci xx, ci xxx et faisoient grans estrifs entre eulx *«  et sans ordonnance. Si prist lors le filz Osber la parole, et dist « Seigneurs » pourquoy estrivez vous ainsi. Il est vostre Seigneur et a besoing de vous et s’il » peut venir à son entente vous en pourrez mieux valoir vous vous deussiez E » offrir à lui, et non pas attendre qu’il vous requist, puisque vous scavez son » affaire. Se vous lui faillez et il vient à son entente, il lui en souviendra ; » monstrez que vous l’amez, et faites liement ce que vous ferez ». Lors distrent les aucuns « Il est vray qu’il est nostre seigneur, et se nous lui paions ses » rentes il doibt souffire nous ne le devons pas aler servir oultremer. Nous » sommes moult grevez pour ses guerres. Se il enchiet de son entreprise nous » en povons estre destruis » et moult d’autres choses disoient aucuns. Finablement furent d’acord que le fils Osber lui feist response pour eulx car il sçavoit bien leur estat et leur pouoir « Se vous ne voulez faire, dist-il ce que je diray, » si ne m’en chargiez pas ». « Oy distrent ilz nous le tendrons et accomplirons, » car vous scavez nostre pouoir » Lors retournerent devers le Duc Guillaume et le filz Osber parla et dist « Sire, je ne cuide pas que en tout le monde si Tom. XIII. Ff

EXTRAIT DE LA CHRONIQUE DE NORMANDIE.

Reg. Che-

valier.

  • Reg. de son

ire.

débats.