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ENCYCLIQUE DE N. T. S. P. LE PAPE PIE IX. 1864.

humaine, et la foi et la sagesse chrétienne savent d’après l’enseignement de Notre-Seigneur Jésus-Christ combien il leur faut éviter cette vanité très nuisible.





Et parce que là où la religion est bannie de la société civile, et la doctrine et l’autorité de la relation divine rejetées, la vraie notion de la justice et du droit humain s’obscurcit et se perd, et la force matérielle prend la place de la justice et du vrai droit, on voit clairement pourquoi certains hommes, ne tenant aucun compte des principes les plus certains de la saine raison, osent publier que « la volonté du peuple , manifestée par ce qu’ils appellent l'opinion publique ou de telle autre manière, constitue la loi suprême, indépendante de tout droit divin et humain ; et que dans l'ordre politique les faits accomplis, par cela même qu'ils sont accomplis, ont la valeur du droit. »

Mais qui ne voit, qui ne sent très-bien qu'une société soustraite aux lois de la religion et de la vraie justice ne peut avoir d'autre but que d'amasser, d'accumuler des richesses, et d'autre loi, dans tous ses actes, que l'indomptable désir de satisfaire ses passions et de se procurer des jouissances ? Voila pourquoi les hommes de ce caractère poursuivent d’une haine cruelle les ordres religieux, sans tenir compte des immenses services rendus par eux à la religion, à la société et aux lettres ; pourquoi ils déblatèrent contre eux en disant qu’ils n'ont aucune raison légitime d'exister, faisant ainsi écho aux calomnies des hérétiques. En effet, comme l'enseignait avec tant de vérité Pie VI, Notre Prédécesseur, d’heureuse mémoire : « L’abolition des ordres religieux blesse l’état qui fait profession publique de suivre les conseils évangéliques ; elle blesse une manière de vivre recommandée par l’Église comme conforme à la doctrine des apôtres ; elle outrage, enfin, les illustres fondateurs d’ordres que nous vénérons sur nos autels, qui ne les ont établis que par l'inspiration de Dieu. »

Ils vont plus loin, et dans leur impiété ils prononcent qu'il faut ôter aux citoyens et a l'Eglise la faculté de donner publiquement l’aumône, et « abolir la loi qui, a certains jours fériés, défend les œuvres serviles pour vaquer au culte divin : » tout cela sous le faux prétexte que cette faculté et cette loi sont en opposition avec les principes de la véritable économie publique.

Non contents de bannir la religion de la société, ils veulent l'exclure de la famille. Enseignant et professant la funeste erreur du communisme et du socialisme, ils affirment que « la société domestique ou la famille emprunte surtout sa raison d’être du droit purement civil ; et, en conséquence,que de la loi civile découlent et dépendent tous les droits des parents sur les enfants, surtout le droit d'instruction et d’éducation. » Pour ces hommes de mensonge, le but principal de ces maximes impies et de ces machinations est de soustraire complètement a la salutaire doctrine et à l'influence de l'Eglise l'instruction et l'education de la jeunesse, afin de souiller et de dépraver par les erreurs les plus pernicieuses et par toute sorte de vices, l’âme tendre et flexible des jeunes gens.