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PRÆFATIO.


ne. Nous ne répéterons pas ici ce que nous avons dit de Marseille, où non seulement les Gaulois, mais encore les Romains venoient en foule pour s’instruire. Nous apprenons de Strabon que les villes des Gaules, à l’exemple de Marseille, gageoient des Professeurs pour enseigner en public et en particulier. Il ne nomme pas ces villes ; mais il n’y a pas lieu de douter qu’il n’y eût dès-lors autant d’écoles publiques, qu’il y avoit de villes principales. Narbonne, Arles, Vienne, Toulouse, Autun, Lion, Nîmes, Treves, Bourdeaux, et un grand nombre d’autres villes, sans parler de celles de la Gaule Cisalpine, cultivoient les Sciences, et ont produit de grands hommes. L’Empereur Claude dans Tacite témoigne qu’il étoit sorti des hommes illustres de la Gaule Narbonnoise. Martial se félicite de ce que ses Poësies faisoient les délices de Vienne, qu’elles étoient entre les mains de tout le monde ; que les femmes les lisoient ainsi que les vieillards, les jeunes gens et même les enfans. On croit que Toulouse étoit appellée Palladia, à cause des Lettres qu’on y cultivoit. Il y avoit à Autun des Ecoles appellées Meniennes, qui étoient célébres et fameuses, tant par la beauté de leurs Edifices, que par le grand concours des Etudians. Dès le tems de Tibere les enfans des meilleures familles des Gaules y alloient étudier les Belles-Lettres. On célébroit à Lion tous les ans une fête à l’autel d’Auguste : on dit que les Orateurs et les Poètes, à l’envi les uns des autres, y recitoient leurs Piéces écrites ou en Latin ou en Grec ; que ceux qui étoient vaincus, étoient obligés de fournir le prix dû aux victorieux, et de faire leur éloge ; et que ceux qui avoient tout-à-fait mal réussi, étoient condamnés à effacer leurs Piéces avec une éponge ou avec leur langue, s’ils n’aimoient mieux se soumettre à la ferule, ou être jettés dans le Rhône. D’où