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PRÆFATIO.


des Marseillois revenant de Delphes où ils avoient été envoiés pour faire des présens à Apollon, apprirent que la Ville de Rome avoit été prise et brûlée par les Gaulois. A cette nouvelle toute la Ville de Marseille fut en deuil, et contribua de l’or et de l’argent tant du public que des particuliers pour parfaire le poids, dont ils avoient sçu que les Romains étoient convenus avec les Gaulois pour acheter la paix. En reconnoissance d’un si grand service, Rome accorda l’immunité aux Marseillois, leur donna place aux spectacles avec les Sénateurs, et fit avec eux un traité qui leur étoit honorable ».

Les Marseillois furent toujours amis des Romains, auxquels ils furent d’un grand secours dans la guerre contre Annibal. Le Consul Cnéus Servilius fit précéder la flotte des Romains par deux vaisseaux des Marseillois, qui s’exposèrent courageusement à tous les dangers. Les Marseillois donnèrent à P. Cornelius Scipion quatre galeres à trois rangs de rames pour l’accompagner jusqu’à Tarragone. Marius, à cause des bons services qu’ils lui avoient rendus dans la guerre contre les Ambrons, leur fit présent de la fosse qu’il avoit creusée à l’embouchure du Rhône. Non-seulement ils avoient recours aux Romains, quand ils étoient attaqués par leurs ennemis, mais encore leur recommandation étoit d’un grand poids auprès des Romains. Le Sénat avoit ordonné qu’on détruisît la ville et le nom des Phocéens, parce qu’ils avoient porté les armes contre le peuple Romain ; les Marseillois envoierent à Rome des Ambassadeurs, pour demander grâce pour eux, et ils l’obtinrent. Leur trop grande fidelité pour le peuple Romain fut la cause de leur perte. Dans la guerre civile entre Pompée et César, ils fermerent à celui-ci les portes de leur ville. César manda