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lxij
PRÆFATIO.


eus en ôtage, et qu’ils avoient tenus dans les fers.

Quand une cité avoit une affaire importante, ou qu’elle étoit attaquée par une cité voisine ou par d’autres ennemis, le Roi indiquoit une assemblée, qu’on convoquoit au son des trompettes. Elle n’étoit ordinairement composée que des Nobles de la Cité : car, comme le remarque César, il n’y avoit dans toute la Gaule que deux sortes de gens qui fussent honorés et distingués, les Druides et les Chevaliers : le peuple étoit regardé presque comme des esclaves ; il n’osoit rien entreprendre, et on ne le consultoit en rien. Cependant César nous apprend lui-même que le peuple quelquefois avoit grande part aux affaires, et que souvent il faisoit pencher la balance. Liscus Vergobret des Eduens déclare à César qu’il y en avoit plusieurs dans sa Cité qui avoient grand crédit auprès du peuple, et qui tout particuliers qu’ils étoient, avoient plus d’autorité que les Magistrats mêmes ; que c’étoient ces gens-là qui détournoient le peuple de fournir le blé que les Eduens avoient promis. Dumnorix étoit de ce nombre : il avoit gagné le peuple par ses largesses, et par ce moien tenoit depuis plusieurs années les grosses-fermes à bon marché, parce que personne n’osoit mettre l’enchere sur lui. Ambiorix Commandant des Eburons, pour s’excuser de ce qu’il avoit attaqué le camp des Romains, dit qu’il l’avoit fait malgré lui et contraint par sa Cité ; et que le commandement dont il étoit chargé ne lui donnoit pas plus de droit sur le peuple, que le peuple en avoit sur lui. Lorsqu’il s’agissoit de guerre, l’on indiquoit une assemblée armée : c’étoit une loi commune que tous les jeunes gens en âge de puberté s’y rendissent en armes : et celui qui arrivoit le dernier, étoit tué en présence de tous