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PRÆFATIO.


une troupe d’étrangers n’auroit osé en attendre un seul lorsqu’il étoit en colere, sur-tout si sa femme étoit avec lui : car c’étoit alors que la femme comme une enragée remuant et agitant les bras, frappoit rudement à coups de poings et de pieds. Ils portoient un anneau au doigt du milieu. Ils étoient fort propres, sur-tout les Aquitains ; les pauvres même avoient un air de propreté. Ils aimoient extrêmement les chevaux ; et pour en avoir, ils n’épargnoient pas l’argent. Ils étoient fort adroits, ils imitoient et faisoient tout ce qu’ils voioient faire aux autres. Ils s’exercoient beaucoup à la chasse, et ils empoisonnoient leurs flèches en les frottant avec de l’ellebore ou avec une autre plante appelée Limeum. La vieillesse n’étoit pas une excuse légitime pour s’exempter de commander les troupes. Quand un pere vouloit marier sa fille, il donnoit un grand repas, auquel il invitoit un grand nombre de personnes, et même les étrangers. Après le repas on faisoit venir la fille, et elle choisissoit pour époux celui des convives à qui elle présentoit de l’eau. Le mari en recevant la dot de sa femme, y ajoutoit pareille somme de son bien : on mettait le tout ensemble, on le faisoit profiter, et on en reservoit les fruits : après la mort de l’un des deux le tout étoit pour le survivant avec les fruits qui en provenoient. Les maris avoient droit de vie et de mort sur leurs femmes aussi-bien que sur leurs enfans. Lorsque quelque homme de considération mouroit, ses proches parens s’assembloient : si la femme étoit soupçonnée d’avoir contribué à la mort de son mari, on la mettait à la question, comme on auroit fait un esclave : et si elle étoit trouvée coupable, on la faisoit mourir cruellement par le feu et par toutes sortes de supplices. Les enfans ne paroissoient pas devant leurs peres qu’ils ne fussent déjà grands