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PRÆFATIO.


si cependant l’on en excepte quelques peuples de la Gaule Lyonnoise, c’est-à-dire les Bas-Bretons, qui ont conservé jusqu’à présent le langage Celtique. Les Gaulois néanmoins en prenant la langue des Romains, n’ont pas absolument abandonné la leur : car ils ont retenu un grand nombre de mots Celtiques, dont ils se servent encore aujourd’hui. Antonius Primus né à Toulouse, zelé défenseur du parti de Vespasien fut surnommé Beccus dans sa jeunesse, comme nous l’apprend Suétone, qui ajoute que ce mot signifioit bec de coq. Nous nous servons encore aujourd’hui de ce mot pour exprimer non seulement le bec du coq, mais encore celui de toute sorte d’oiseaux.

Les Marseillois, qui tiroient leur origine des Phocéens peuples de l’Ionie dans l’Asie, ne parlaient pas seulement Grec, mais ils mirent encore l’étude du Grec en si grande vogue dans les Gaules, que les formules mêmes des contrats s’écrivoient en Grec. Ils persuaderent même aux plus nobles d’entre les Romains de venir à Marseille apprendre cette langue, au lieu d’aller à Athènes. Les Romains et les Gaulois qui venoient étudier à Marseille, y apporterent leurs langues ; de sorte que Varron, au rapport d’Isidore, dit que les Marseillois avoient trois langues, parce qu’ils parloient Grec, Latin et Gaulois, c’est-à-dire, Celte. Les Rhodiens dans Tite-Live, disent qu’ils avoient appris que les Marseillois étaient honorés et considérés par les Romains, autant que s’ils demeuroient au milieu de la Grèce ; que la communication avec leurs voisins n’avoit non seulement, ni changé, ni corrompu le son de leur langue et leur maniere de s’habiller : mais sur-tout que leurs mœurs, leurs loix, leur génie n’en avoient souffert aucune altération. Plusieurs ont cru que la langue Gréque avoit été en

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