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xxvij
PRÆFATIO.



III.

Des noms des Celtes et des Gaulois.

Il est absolument incertain d’où les Celtes et les Gaulois ont pris leurs noms. Car les uns, comme nous avons vu ci-devant, font venir les Celtes d’un Roi nommé Celtus, et les Galates de sa mere appellée Galaté : les autres prétendent que les Celtes tirent leur nom d’un certain Celtus, fils d’Hercule et de Celtiné, et les Galates de Galatés, autre fils d’Hercule. Quelques-uns disent que Celtus et Gallus, fils de Polyphéme et de Galatée, ont donné leurs noms aux Celtes et aux Galates : il s’en trouve enfin qui, à cause que les Gaulois sont blancs de corps, font venir le nom de Galates du mot Grec γάλα, qui signifie lait. Tant de différens sentimens rendent la chose plus incertaine et plus obscure.

Le nom de Celtes chez les Anciens n’étoit pas propre et particulier aux seuls habitans des Gaules ; il avoit une signification plus étendue. Les Celtes, dit Herodote, sont au-delà des Colonnes d’Hercule, ils sont voisins des Cynetes, et les derniers de tous ceux qui en Europe habitent au couchant. Ephore dans Strabon divise la terre en quatre parties, et place les Celtes dans celle qui est vers l’Occident : le même Auteur fait la Celtique d’une si grande étendue, qu’il donne aux Celtes presque toute l’Espagne jusqu’à Cadiz. Les nations Septentrionales connues, dit Strabon, étoient d’abord appellées d’un seul nom Scythes ou Nomades : et dans la suite dès qu’on eut connu les pays Occidentaux, on commença à les appeller Celtes, Iberiens, ou, les deux noms joints ensemble, Celtiberiens et Celtoscythes. Plutarque rapporte que quelques-uns disoient que la Celtique s’étendoit depuis l’Océan et les pays Septentrionaux jusques à l’O-