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PRÆFATIO.


par son éloquence adoucit la férocité de ses Sujets, leur donna des Loix, inventa les Arts, établit le commerce entre les peuples d’Occident. Les Titans ou les Celtes, habitans des Gaules, furent si reconnoissans des bienfaits qu’ils avoient reçus de Mercure, qu’ils eurent pour lui une profonde vénération pendant l’espace de deux mille ans. Les Gaulois, dit Cesar, révérent Mercure plus que tous les autres Dieux.

Voilà en abrégé l’opinion du P. Pezron sur la première origine des Gaulois : et j’ai cru que pour la réfuter, il suffisoit de l’exposer. Ceux donc, selon D. Pezron, qui habitent les Gaules, furent d’abord appelés Gomerites, puis Parthes et Saques, après Titans, enfin Celtes et Gaulois. Pour prouver que les Celtes ou Gaulois ont été de vrais Titans, il se sert de deux argumens qu’il croit invincibles. Il appuie le premier sur les noms des Rois et des Reines des Titans : lesquels noms sont tous pris de la Langue des Celtes. Les Savans voient quel cas on doit faire d’une telle preuve. Il fonde le second argument sur l’autorité de Callimaque, à qui il fait dire que les Celtes sont les descendans des Titans. Callimaque dit seulement que les Celtes sont des Titans nés long-tems après, et il ne veut dire autre chose, selon son Scholiaste, sinon que, comme les Titans ont fait la guerre à Jupiter, les Celtes la déclareront de même à Ptolomée Philadelphe.

Je crois en avoir dit plus qu’il ne falloit sur le sentiment de D. Pezron. Je m’abstiens de rapporter les opinions des autres sur l’origine des Gaulois : ce ne sont que conjectures, que mensonges, que fables.