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nement provisoire en avait ainsi posé les bases avant d’instituer la commission chargée d’établir la

Mais il ne s’agissait

pas seulement de proclamer l’affranchissement des noirs ; deux mots auraient suffi : soyez libres ! Il fallait prendre des mesures pour que ce grand acte de réparation d’un crime de lèze-humanité s’accomplît de la manière la plus profitable à ceux qui en ont été les victimes ; il fallait en prévoir toutes les conséquences, afin d’en étendre le bien, afin d’en prévenir le mal, si quelque influence funeste pouvait en compromettre les résultats. A cet effet, la commission n’a négligé aucun moyen d’enquête ; elle a joint aux recherches de la précédente commission coloniale les documents nouvellement rassemblés dans les bureaux du ministère ; elle a reçu toutes les communications, elle a entendu, elle a questionné les représentants de tous les intérêts ; et le travail auquel elle s’est livrée montrera pourquoi, malgré ses légitimes impatiences, elle n’est pas arrivée plus tôt au but qui lui était marque.

Cette enquête a eu pour premier résultat de raffermir dans la conviction que l’émancipation générale réclamée par le droit naturel ne l’était pas moins par l’intérêt bien entendu des colonies. L’esclavage, tout le monde en convient, et les colons sont d’accord pour le reconnaître, l’esclavage ne pouvait plus être maintenu, et l’on devra se réputer heureux si l’on a traversé sans secousse le court intervalle qui a dû séparer la proclamation de la République et l’annonce du prochain affranchissement. Plus d’ajournement que le temps rigoureusement nécessaire pour accomplir partout, simultanément et avec ordre, cet acte suprême. Ce ne sont donc point les nécessités de la théorie et la rigueur de la logique ; c’est la force des choses et la voix de l’expérience qui demandent d’accomplir, dans le plus bref délai, l’abolition de l’esclavage ; et, à tous égards, il faut féliciter les colonies de l’heureuse nécessité qui les en affranchit. C’est l’esclavage qui, en paralysant le travail, les a maintenues, soit dont on faisait usage sembla, pendant bien longtemps, dispenser moindre effort pour le bien diriger. L’agriculture