RECUEIL
DE LA LÉGISLATION NOUVELLE.
RAPPORT
FAIT
AU MINISTRE DE LA MARINE
ET DES COLONIES,
L'acte de l'abolition immédiate de l’esclavage[1]
La commission que vous avez instituée pour préparer l’acte
d’abolition immédiate de l’esclavage vient de terminer son œuvre.
La tâche semblait fort simple. La commission, en effet,
n’avait point à discuter le principe de l’affranchissement général ; il est intimement lié au principe même de la République :
il se pose, il ne se discute plus aujourd’hui. La République eut
douté d’elle-même si elle avait pu un instant hésiter à supprimer
l’esclavage. La commission n’avait pas d’avantage à débattre les
conditions de l’émancipation. La République ne pouvait accepter
aucune sorte de transaction avec cet impérieux devoir ; elle mentirait à sa devise si elle souffrait que l’esclavage souillât
plus longtemps un seul point du territoire où flotte son drapeau.
- ↑ Cette commission est composée des citoyens Victor Schœlcher, sous-secrétaire d’Etat de la marine et des colonies, président ; Mestro, directeur des colonies ; Perrinon, chef de bataillon d’artillerie de marine ; Gatine, avocat aux conseils ; Gaumont, ouvrier ; H. Wallon et Percin, secrétaires.