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de l’homme qui vient chercher du travail ; le second, séjour forcé de l’homme qui n’en a pas voulu. v

Il faut réprimer le mal ; mais il vaut mieux encore le prévenir ; et c’est aux générations nouvelles surtout qu’il importe d’inspirer de bonne heure cette juste notion du droit et du devoir, où réside la force des sociétés. C’est pourquoi, citoyen ministre, la commission joint aux décrets qu’elle vous propose un projet sur l’instruction publique.

Ce décret veut que l’éducation soit accessible, soit imposée à tous. Aux écoles obligatoires pour les enfants, il ajoute des cours facultatifs pour les adultes ; en outre, afin d’offrir, dans les colonies mêmes,, aux familles de toute couleur et de tout rang, ces ressources de l’enseignement supérieur que les riches créoles pouvaient seuls venir chercher dans la mère-patrie, il fonde à la Guadeloupe un lycée, à la Martinique, une institution de premier degré destinée aux filles, et, pour l’application des arts et des sciences aux professions industrielles, une école d’arts et métiers dans chacune de nos colonies.

Les mesures préventives ne doivent point seulement s’adresser à l’enfance par l’éducation ; elles suivent, elles prennent l’homme dans l’àge mûr : Une des sources les plus fécondes du vice est l’intempérance, et l’on sait combien le bas prix des liqueurs communes rend, dans nos colonies comme en Europe,, cette habitude désastreuse. Un projet de décret les frappe d’un : impôt qui en élève l’usage au-dessus de la séduction du bon marché. En même temps que l’on détourne le travailleur de ce funeste emploi de son argent, on veut l’acheminer vers une prévoyante économie : c’est la pensée du décret qui introduit aux colonies l’institution des caisses d’épargne ; mais la question qui : domine toutes les autres, c’est la réhabilitation du travail. Le travail a porté, jusqu’à présent, parmi les noirs, le stigmate de l’esclavage ; nous devons en faire un signe d’honneur àr à leurs yeux. Il faut qu’ils sachent que l’homme a reçu la liberté’ pour remployer au profit de ses semblables par l’utile usage de son activité. Il faut qu’ils voient que ceux qui accomplissent le mieux ce devoir social sont aussi les plus dignes du premier rang dans la société. Voilà pourquoi la commission vous propose