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de ses œuvres, mais pour ne point abuser de votre bienveillante attention, nous en ferons, si vous le permettez, l’objet d’une seconde lecture à l’une de vos prochaines séances.


DEUXIEME PARTIE


Timide et modeste, Bréant n’ambitionnait pas la gloire littéraire. Il faisait des vers à ses heures de loisir et comme délassement de ses occupations ordinaires. C’était chez lui un penchant naturel auquel il ne savait pas toujours résister. Il écrivait un jour à la marquise de Prie en lui envoyant à l’envoyant à l’occasion du premier de l’an un compliment en vers : « J’ai voulu réprimer cette maudite ardeur de rimer que je ne saurais venir à bout d’éteindre ; mais en vain j’ai opposé la raison pour digne à ma verve poétique, n’en voilà-t-il pas un filet qui s’échappe et qui s’en va vers vous. » [1]

Il est vrai qu’à cette époque du XVIIIe siècle, écrire en vers était devenu la manie du jour. On était sous l’impression des grands génies du siècle précédent et chacun voulait parler la langue des Racine et des Corneille. Cette manie des vers, dit le Cardinal de Bernis, était devenue une passion presque générale ; on s’écrivait, on correspondait en vers, la conversation elle-même était souvent semée de citations poétiques ; c’était ce que l’on appelait la Métromanie. Il semblait que la prose n’était plus bonne que pour le monde des

  1. Page 245 du Recueil. Pièce à Mme la marquise de Prie.