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paresse, il préférait le repos à l’étude. Voltaire, à qui Cideville l’avait recommandé, en était peu satisfait ; « J’ai bien peur, disait-il, qu’il n’ait la vertu aimable de la paresse » et plus tard écrivant à Cideville : « Je ne suis point trop content de Linant ; il ne travaille point, il ne fait rien, il se couche à sept heures du soir pour se lever à midi… » [1] Linant s’inquiétait peu des reproches de Voltaire qu’il aimait cependant et qu’il appelait son père et son maître. Il écrivait un jour à Bréant au moment de quitter Canteleu pour retourner auprès de Voltaire qui le rappelait : « Si je n’avais pas dessein de m’en retourner bien vite auprès de lui, mon très ami, j’aurais été voir Bernay, mais cela n’est pas possible. Ta mère te retient et mon père m’appelle.[2]

Voltaire, Cideville, Bréant cherchaient à sauver Linant, qui était sans fortune, des conséquences de sa paresse. Pendant un court séjour que celui-ci avait fait près de lui à sa terre de Joigny, Cideville, qui l’avait sermonné d’importance, écrivait à Bréant après son départ :

« Linant est parti et à ce qu’il me semble bien converti. Soutenez-le de votre côté comme je compte faire du mien… » [3]

Mais tout fut inutile ; à peu de temps de là, Cideville recevait de Voltaire ces quelques mots sur Linant : « Le pauvre homme passe sa vie à dormir et qui pis est : non somniat in Parnasso, il ne cultive en lui d’autre talent que celui de la paresse. Son corps et son âme sacrifient à l’indolence, c’est là sa vocation…[4]

Voltaire avait une toute autre opinion de Bréant que lui avait recommandé Cideville. Après avoir terminé ses études au collège de Rouen, Bréant était allé à Paris étudier le

  1. Lettre de Voltaire à Cideville du 6 novembre 1733.
  2. Lettre de Linant à Bréant, sans date.
  3. Lettre de Cideville à Bréant du 1er juillet 1735.
  4. Lettre de Voltaire à Cideville du 20 septembre 1735.