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iv

Répondez… Ciel ! c’est lui ! je vois sa noble tête…
Le peuple, fier de sa conquête,
Répète en chœur son nom chéri.
O ma lyre, tais-toi ; reconnais ta faiblesse :
Que seraient tes concerts près des chants d’allégresse
De la France aux pieds de Henri ?

Par mille bras traîné le lourd colosse roule.
Ah ! volons ; joignons-nous à ces efforts pieux.
Qu’importe si mon bras est perdu dans la foule ?
Henri me voit du haut des cieux.
Tout un peuple a voué ce bronze à ta mémoire,
O chevalier, rival en gloire
Des Bayard et des Duguesclin !
De l’amour des Français reçois la noble preuve :
Henri, nous le devons au denier de la veuve,
A l’obole de l’orphelin.

N’en doutez pas : l’aspect de cette image auguste
Rendra nos maux moins grands, notre bonheur plus doux
O Français ! louez Dieu : vous voyez un Roi juste,
Un Français de plus parmi vous.
Désormais, dans ses yeux, en volant à la gloire,
Nous viendrons puiser la victoire :
Henri recevra notre foi ;
Et quand on parlera de ses vertus si chères.
Nos enfans n’iront pas demander à nos pères
Comment souriait le bon Roi.

Jeunes amis ! dansez autour de cette enceinte.
Plaisir, guide leurs pas ; joie, anime leurs chants.
Henri, car la bonté dans ses regards est peinte,
Jouira de ces jeux touchans.
J’aime mieux cet airain, où d’un Roi qu’elle adore
La France croit revoir encore
Le port, le geste accoutumé,
Que ces vains monumens qu’un art pénible enfante,
Dont la grandeur surprend ; mais qu’un tyran cimente
Des sueurs d’un peuple opprimé.