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sans cesse au devant des jouissances nouvelles, s’ils daignent jetter un regard sur le passé, c’est pour y chercher des sensations fortes et multipliées dans le récit des grandes catastrophes, et pour prodiguer une admiration irréfléchie aux sanglans trophées des destructeurs de l’humanité. Ne serait-il pas plus noble et plus doux, de reposer nos yeux sur l’image des progrès de la civilisation, et de réserver nos hommages à ces génies bienfaisans dont le nom se rattache à des institutions capables de former l’homme à la vertu, par l’attrait de l’émulation, l’amour de la gloire et le charme des beaux-arts.

Moins fière de son antiquité que de sa persévérance à suivre la route qui lui a été tracée par ses prédécesseurs, l’Académie a toujours religieusement acquitté la dette de sa reconnaissance, et c’est sans doute à son exactitude à remplir pendant plusieurs siècles ce devoir sacré, qu’elle doit le bonheur de pouvoir signaler avec certitude le nom de Clémence Isaure à l’admiration de la postérité ; car trop souvent, en profitant du bienfait, nous laissons dans un oubli coupable la mémoire du bienfaiteur ; les détails de sa vie, abandonnés à une tradition incertaine s’altèrent, et s’effacent, et son nom même finit quelquefois par se perdre dans l’obscurité des temps.

Ainsi dans les annales de l’antiquité, nos regards rencontrent à chaque instant les noms odieux de Pélops et de Tantale ; ils s’indiguent d’y trouver ceux même des plus vils criminels, et toutes nos recherches ne peuvent nous y montrer d’une manière assurée, les véritables fondateurs de ces Jeux, auxquels, dans son enthousiasme, la Grèce supposa une origine divine, et qu’elle crut ne pouvoir attribuer qu’au fils du souverain des dieux.

Jetter un coup d’œil rapide sur les causes qui amenèrent la fondation des Jeux antiques, rappeler l’in-