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xiv

Mais qui, sur notre telle France,
Laissas toujours de préférence
Tomber tes regards maternels,
Toi, de mes jeunes ans céleste protectrice,
Qui, loin du souffle impur du vice,
Leur ouvris un refuge au pied de tes autels ;
Ah ! tu vois si ce cœur est en proie aux alarmes,
Ou si, fier du trépas qu’on m’apprête en ce lieu,
Les plus cruels tourmens n’ont pas pour lui des charmes !
S’immoler pour son Roi, c’est mourir pour son Dieu.
Oh ! reçois-les toujours sous ta garde sacrée,
Ce Monarque si cher, cette France adorée,
A qui mon cœur dit son dernier adieu !
Tu le sais : quand ce bras s’arma pour leur défense,
Quand, d’un sexe timide oubliant les travaux,
Mais conservant mon innocence,
Loin de l’humble séjour qui cacha mon enfance,
Contre un fer belliqueux j’échangeai mes fuseaux ;
Des triomphes guerriers la gloire éblouissante
Ne vint point m’enivrer de ses trompeurs attraits :
Tu parlas, et ta voix puissante
Fit dans mon ame obéissante
Retentir du Très-Haut les sublimes décrets :
« Pars, me dis-tu ; que ta main virginale
« S’arme au plutôt du glaive des combats ;
« Vole à ton Roi ; d’une lutte inégale
« Par ta valeur cours sauver ses États ;
« D’un feu céleste embrase ses soldats ;
« Aux fiers Anglais ta main sera fatale. »
Mille exploits l’ont rempli cet oracle divin.