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iv

Signal des derniers attentats ;
Tranquille cependant il rêve en sa pensée
Les beaux jours d’une vie hélas ! si-tôt passée,
Et l’avenir qu’il ne craint pas.

Tristement appuyé sur ses mains valeureuses,
Le héros éleva ses regards vers les cieux ;
Et des larmes silencieuses
Malgré lui roulaient dans ses yeux.
Que faisiez-vous alors, ô toi sa tendre mère,
Et toi, Bourbon, malheureux père ?
Peut-être un doux sommeil le mettait dans vos bras,
Dormez !… Près de sa dernière heure,
C’est sur votre réveil qu’il pleure ;
C’est pour vous qu’il frémit en songeant au trépas.

De ce bastion solitaire
Je vois descendre des soldats,
Un sombre flambeau les éclaire…
Je frissonne au bruit de leurs pas.
Que vois-je ? ô terreur !… sans défense,
D’Enghien au milieu d’eux s’avance
Avec la fierté des héros !
La nuit prête son ombre au crime,
Tout est tranquille, et la victime
Veille seule avec ses bourreaux !

Du moins que la parole sainte
Pour la dernière fois descende sur d’Enghien !
Il parle ;… et ce Murat qui vit l’homme avec crainte,
Avec mépris voit le héros chrétien.
Retiens, lâche, retiens ton insultant blasphème !
Tu ne crois pas en un juge suprême
Témoin de tes longs attentats…
Mais tremble ! la Calabre et ses rochers t’attendent ;
Ses vautours naissants te demandent !…
Il est un Dieu vengeur, et tu le connaîtras.

Sur sa poitrine intrépide
Plaçant un pâle fanal