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O Peuple ami du bruit, il est des voix intimes !
Tout grand cœur a son gouffre amer ;
Plus ce gouffre est profond, plus ses cris sont sublimes :
Le génie est comme la mer.

Ah ! quand viendra lé jour où, nos gloires insignes
Nous trouvant plus hospitaliers,
Nous pourrons tous ouïr les aigles et les cygnes
Ainsi que des Dieux familiers !

Ce jour brillera-t-il ? Pour les peuples encore
Sera-t-il bien lent a venir ?
Nos révolutions seraient-elles l’aurore
D’où sortira cet avenir ?

Mais quel que soit le sort que le ciel nous prépare,
O toi, qui fus Chateaubriand,
Tu resteras toujours, dans nos nuits, comme un phare,
Pans nos jours comme l’Orient.

Dors en paix, ombre auguste, au bruit de la tempête ;
Laisse-toi bercer dans ses plis ;
Comme la vague émue écoute la mouette
Et le chant plaintif des courlis.

L’oubli ne fera point sur ton roc solitaire
Monter son flot audacieux ;
L’ancre que tu jetas plonge au fond de la terre,
Et ses anneaux touchent aux cieux.