Page:Recueil de l'Académie des jeux floraux - 1849.djvu/49

Cette page n’a pas encore été corrigée


Eh bien, sois consolé ! Le souverain suprême
Un jour te vengera des rois ;
Le peuple triomphant, en triomphe toi-même
Te portera sur son pavois.

Et pourtant dans ses bras la faveur qui t’enlace
Ne pourra point te retenir :
Le Poëte est peu fait pour la gloire qui passe ;
Son règne, à lui, c’est l’avenir.

L’avenir !... Dieu parfois convie à cette fête
Des rois d’un jour, fils des hasards ;
Mais des siècles sans fin dont ils font la conquête,
Les Homères sont les Césars.

Comme eux tu régneras ; et quoique ton génie
Se dérobe au rhythme des cieux,
Ta voix avec tant d’art épanche l’harmonie
Qu’on croit ouïr parler les Dieux.

On dit qu’à ton déclin, comme l’oracle antique,
Gardant un silence sacré,
Ta lèvre ne s’ouvrait qu’a l’esprit fatidique
Dont le ciel t’avait pénétré.

Et le vulgaire, épris d’un langage frivole,
À peine comprenait le tien ;
Il aimait mieux jouer au mot léger qui vole
Que de garder ton entretien.,