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Ah ! c’est qu’il sut dompter sa propre véhémence ;
C’est que ses ongles de lion,
Doux au faible, s’ouvraient devant la violence,
Sublimes de rébellion.

Sa pensée habitait les sphères les plus hautes ;
Premier ministre, ambassadeur,
Il n’en descendait point, et tout, jusqu’à ses fautes,
Porta le sceau de sa grandeur.

À plus d’un crime heureux sa voix fut importune ;
Ce Caton des partis vaincus,
Comme on sert le bonheur, cultivait l’infortune,
Et gardait les espoirs déçus.

Il laissa des faveurs le champ toujours inculte ;
Après le ciel et la beauté,
Deux idoles, surtout, disputèrent son culte,
L’honneur avec la liberté !

A ces Dieux de famille il sut être fidèle ;
Ils étaient son frère et sa sœur :
De l’un, jusqu’à la mort, il resta le modèle,
Et de l’autre le défenseur.

Mais sur l’autel des rois ces vertus consumées
N’obtenaient qu’un bien froid retour ;
Ses écrits tout-puissants leur valaient des armées,
Et ne gagnaient point leur amour.