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N’oubliez pas surtout, parmi ces fleurs divines,
Celle qui s’abreuve de pleurs :
C’est la mélancolie, amante des ruines,
C’est la volupté des douleurs.

Celui que vous pleurez et que la France pleure
A cueilli, le premier de tous,
Cette fleur de la tombe et de la dernière heure,
Et dont les parfums sont si doux»

Comme le pélican, pensif, le long des grèves,
Il s’emplissait d’afflictions,
Et de son propre sang il nourrissait des rêves,
Immortelles créations.

Que de fois, jeune encore, avant que l’Amérique
Eut reçu ce noble banni,
Assis sur les rochers de la sombre Armorique,
Son œil plongea dans l’infini !

Il aimait l’Océan et les flots en écumes ;
Ses tristesses étaient sans fond ;
La mer semblait jeter toutes ses amertumes
Dans ce cœur comme elle profond.

C’est là, dans ces torrents, qu’ont été retrempées
Ces grandes âmes de héros,
De guerriers inconnus aux vieilles épopées,
Martyrs, vainqueurs de leurs bourreaux.