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LE CHRÉTIEN ET LES DETTES.




Il n’est pas, dans les Écritures, un précepte plus clair et plus positif, que celui qui se trouve au verset 8 du chapitre XIIIe de l’Épître aux Romains : Μηδενὶ μηδὲν ὀφείλετε. Il n’y a point de variante ; ces trois mots ne sont pas susceptibles de deux ou plusieurs sens[1]. Aussi, à ma connaissance, toutes nos versions, sauf Osterwald qui dit : « Ne soyez redevables à personne, » sont d’accord pour les traduire ainsi : « Ne devez rien à personne, » Le verbe grec, rendu par devez, signifie bien cela, et rien que cela, ou : être « débiteur, avoir une dette ; » on trouve dans des auteurs grecs profanes la même phrase avec la même acception. Ainsi, par exemple, dans Lucien : « ὀφείλειν μηδὲνί ; ne devoir [rien] à personne. » — Ce passage est donc tout aussi simple et ce précepte tout aussi catégorique, que celui-ci que nous trouvons au verset qui suit : « tu ne tueras point. » Tout lecteur qui respecte la Parole écrite, sans avoir la prétention de l’interpréter au gré de ses opinions ou de ses désirs, comprendra donc qu’ici il lui est formellement défendu de contracter des dettes.

Si l’on dit que la fin du passage modifie le sens que nous donnons au commencement, j’en conviendrai, si

  1. Nous savons bien pourtant que le verbe grec est le même à la seconde personne du pluriel de l’indicatif présent, et qu’ainsi, grammaticalement, on pourrait traduire : « Vous ne devez rien à personne, » mais logiquement ce n’est pas possible, puisque l’apôtre vient de dire : « Rendez à tous ce qui leur est dû. »