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L’ANARCHIE LITTÉRAIRE

des êtres, hommes et femmes, qui ne s’en préoccupent guère, et dont la tranquillité d’âme, à cet endroit, laisserait supposer qu’ils ne cherchent pas parce qu’ils ont trouvé. Et qu’ont-ils trouvé ? Qu’est-ce qui les fait vivre ? Ce n’est ni la foi, ni l’altruisme, encore moins les devoirs du foyer : c’est la passion. Voilà ce qui remplit leur cœur et leurs jours, et leur fait oublier pour des angoisses plus chères celles qui pâlissent le front des penseurs. Et voilà pourquoi M. Rod, abandonnant pour un temps la critique, a pris la plume du romancier, et écrit cette très belle série : les Trois Cœurs, Scènes de la vie cosmopolite, la Sacinfiée, la Vie privée et la Seconde vie de Michel Tessier, le Silence, les Roches-Blanches, Dernier Refuge.

M. Rod n’aura pas lieu de se repentir d’avoir ainsi élargi le cercle de ses observations. Le succès a répondu à cette transformation inattendue et pourtant logique de son talent, et je n’en connais pas de mieux fondé, car je ne connais pas non plus d’œuvres plus passionnées que ces romans sur la passion, et partant plus passionnantes. Mais c’est peu de noter ce caractère des romans de M. Rod, il faut en montrer la raison. Il ne suffit pas, pour qu’un roman nous passionne, qu’il soit une peinture de la passion, et je n’en veux pour preuve que l’intérêt très relatif que nous prenons aux romans naturalistes. Si ceux de Maupassant font peut-être exception, le motif en