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les inoïts occidentaux.

N’abandonnons pas le sujet sans mentionner une observation importante qui s’y rattache : chez nos Hyperboréens, comme chez nombre de primitifs, tels que les Tatars et la plupart des nègres, la construction des demeures est, en principe, l’affaire des femmes qui font toute la besogne, depuis les fondements jusqu’au faîte, les maris n’intervenant que pour apporter les matériaux à pied d’œuvre. Le fait avait été souvent signalé, comme prouvant l’indolence insigne de ces mâles incultes, qui rejettent les gros ouvrages sur leurs compagnes plus faibles. Nous préférons y voir un argument en faveur de l’hypothèse que le premier architecte a été la femme. À la femme, pensons-nous, l’espèce est redevable de tout ce qui nous fait hommes. Chargée des enfants et du bagage, elle établit un couvert permanent pour abriter la petite famille : le nid pour la couvée fut peut-être une fosse tapissée de mousse ; à côté, elle dressa une perche avec de larges feuilles, étagées par le travers ; et quand elle imagina d’attacher trois à quatre de ces perches par leurs sommets, la hutte fut inventée, la hutte, le premier « intérieur ». — Elle y déposa le brandon qu’elle ne quittait pas, et la hutte s’éclaira, la hutte se chauffa, la hutte abrita un foyer. — N’a-t-on pas dit Prométhée le « Père des hommes », pour faire entendre que l’humanité commence avec l’emploi du feu ? Or, quelle qu’ait été l’origine du feu, il est certain que la femme a toujours été la gardienne et la conservatrice de cette source de vie. — Voici qu’un jour, à côté d’une biche que l’homme avait tuée, la femme vit un faon qui la regardait avec des yeux suppliants. Elle en eut pitié, le porta à son sein… Que de fois on voit de nos sauvagesses en faire autant ! Le petit animal s’attacha à elle, la suivit partout. C’est ainsi