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les inoïts occidentaux.

entaillé de coches. Où l’herbe est trop rare, où l’on manque de bois, on construit la maison d’hiver avec de la neige et de la glace reliées par des côtes de baleine ; l’entrée est une allée souterraine assez étroite, dans laquelle l’air prend la température intermédiaire à celles du dedans et du dehors ; une toison d’ours fait portière. Les gaz viciés s’échappent — au moins en partie — par une ouverture abritée sous des intestins de phoque, nettoyés, huilés, solidement cousus, ayant la transparence du verre dépoli. Sur le pourtour intérieur, des bancs étroits et bas, servant de lits. Mobilier : une ou deux lampes, deux ou trois chaudrons, quelques plats qui doivent leur netteté à la langue des chiens. Ces cabanes sont chaudes à la condition que les habitants y soient entassés et pressés les uns contre les autres ; il en est qui ont une largeur de 7 à 10 mètres, une longueur de 30, parfois même de 100, mais elles abritent alors une tribu, et jusqu’à plusieurs centaines de personnes. Ces grands terriers connus sous divers noms[1], et plus particulièrement sous celui de kachim, sont des maisons communes que possèdent la plupart des Hyperboréens, et que l’on retrouve un peu partout[2]. Nous les prenons pour des phalanstères primitifs, plus ou moins analogues aux ruches et guêpiers, aux castorières, fourmilières, termitières et « républiques » d’oiseaux. Les polypiers humains font pendant aux colonies animales ; partout on voit les bandes sauvages terrer ensemble comme des familles de rats, glomérer dans une caverne comme chauves-souris, percher sur les mêmes arbres comme corbeaux et corneilles.

  1. Kagsse, kagge, karrigi, kachim, kogim, dont on a fait casine ou cassine, iglous, oulaas, iourte, etc.
  2. Dans les deux Amérique, la Malaisie, l’Inde, l’Indo-Chine.