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habitation.

faiblesse et la débilité des jeunes générations, les épidémies qui les emportent. Par contre, c’est avec enthousiasme qu’ils acceptèrent les liqueurs fortes, le premier présent que la civilisation fasse aux barbares. Quant au tabac, chacun lui voua et lui conserve une passion désordonnée : pour quelques filaments de l’herbe magique, dont ils avalent la fumée pour n’en rien perdre, hommes et femmes donnaient tout : leur nourriture et jusqu’à leur liberté.

L’habitation a l’importance d’un organe physiologique chez les Esquimaux, qui ont à se défendre contre un climat meurtrier. Nous changeons de vêtements selon la saison ; eux ont l’habitation d’hiver et l’habitation d’été. La plus petite, la moins soignée, est la demeure estivale, la barabore, installée le plus souvent auprès d’une rivière poissonneuse ; elle peut ne consister qu’en une paillotte, un auvent, un bateau renversé. Type général, une tente conique ou pyramidale, appuyant sur une muraille basse, en terre et cailloux. Les Aléouts creusent un trou assez profond, appliquent contre les parois des perches qui se rejoignent par le sommet ; ils les treillissent et les recouvrent d’une couche épaisse de terre, laquelle ne tarde pas à se couvrir de gazon, l’herbe faisant manteau. Une maison se confond avec les broussailles environnantes, le village fait de loin l’effet de tombes dans un cimetière[1]. Plusieurs n’ont pour ouverture qu’un trou ménagé au faîte : cheminée, porte et fenêtre, tout ensemble. On entre par le toit, et on se glisse en bas par un baliveau

  1. Langsdorf, Kittlitz.