Page:Reclus - Les Primitifs.djvu/82

Cette page n’a pas encore été corrigée
62
les inoïts occidentaux.

, la civilisation russe a infligé un coup terrible, la civilisation américaine les emportera tout à fait[1].

Autour des îles une riche végétation marine nourrit une faune variée ; les eaux courantes abondent en poissons, surtout en truites. Les Aléouts vivent de chasse et de pêche. Dans la lutte pour l’existence, leurs plus grands rivaux sont l’ours et le loup auxquels ils font une guerre acharnée ; ils traquent fouines, martes, écureuils, castors, loutres et renards, s’attaquent aux morses et narvals[2]. Tant que les eaux sont libres, ils y trouvent de quoi, gras ou maigre ; mais quand elles sont fortement gelées, leur ressource la moins aléatoire est de fouir après les racines dans les plaines et toundras. La saison la plus longue à passer est celle des « courtes rations », février-avril, après les grandes boustifailles de novembre-janvier.

Nulle chasse ne les passionne davantage que celle de la baleine. Ils harponnent l’énorme cétacé, le tuent et le dévorent, mais le révèrent. Ils font semblant de croire que, poussé par le sort, mi-contraint, mi-résigné, l’animal obéit aux enchantements, et met quelque bonne volonté à se laisser prendre. À l’ouverture de la saison, une cinquantaine d’hommes et de femmes, se mettent dans leur plus bel attirail et s’embarquent pour saluer au large la bande qu’on a signalée à l’horizon, pour la complimenter et lui faire fête. Car le « Roi des Océans » tient à l’étiquette, et pour le retenir dans nos parages il faut lui montrer que nous sommes gens sachant vivre. Il tient à

  1. Erman.
  2. Monodon Monoceros.