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les inoïts occidentaux.

il n’y a pas plus de trois siècles, émigrèrent à l’extrémité nord-est de l’Asie. Eux-mêmes se disent d’un grand pays, situé à l’ouest, qu’ils nomment Aliakhékhac, ou Tanduc Angouna, d’où ils se seraient avancés sur Ounimak et Ounalaska[1]. Il est certain qu’ils sont étroitement apparentés aux tribus bordières de la côte américaine, Ahts et autres, jusqu’à l’île Reine-Charlotte[2]. Il est vrai que, de proche en proche, tous ces non-civilisés tiennent étroitement les uns aux autres. Le type des Aléouts relève manifestement du type esquimau, bien que Rink les dise déjà mâtinés d’éléments étrangers. Cheveu droit et noir, plat et abondant, teint foncé. Courts et trapus, remarquablement robustes, ils portent, sans fatigue apparente, de lourds fardeaux pendant de longues journées ; soixante livres sur le dos et cinquante kilomètres de marche ne les effraient point. Leur vue est extraordinairement perçante. Les traits, fort accusés, portent l’empreinte de l’intelligence et de la réflexion. Les femmes sont plus avenantes que les hommes ; quelques-unes pourraient passer pour jolies, n’était la hideuse labrette. Dall déclare les Aléouts fort supérieurs aux Indiens du voisinage, physiquement et intellectuellement. La tête est cubique chez ceux-ci, pyramidale chez ceux-là. Mais sous l’influence des disettes prolongées et des mauvais traitements infligés par les Russes, la race a perdu son ancienne solidité ; les organismes entamés résistent mal aux rhumatismes et maladies de poitrine. Les formes sont robustes, disions-nous, mais dépourvues d’élégance ; à ramer quinze ou vingt heures d’affilée, les jambes se déforment ; le corps se moule sur le sempiternel canot. De vrais ours marins :

  1. Venjaminof.
  2. Macdonald.