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les inoïts orientaux.

« Tiens, mange ! Tiens, couvre-toi ! » Le couteau dont on fait usage est dissimulé par les assistants, qui rangés en cercle se le passent par derrière, comme cela se pratique dans un de nos jeux innocents : le furet du bois joli. Et pendant que la lame circule, chacun parle au mort pour distraire son attention, chacun a quelque chose de particulier à lui dire.

En signe de deuil, la veuve itayenne modifie son costume, s’abstient de certains aliments, de diverses occupations. Elle se prive, par devoir rigoureux, de tout soin de propreté. Les amis se bouchent une narine avec un tampon d’herbes, qu’ils n’ôtent de plusieurs jours : naïf symbole : — « Nous ne respirons plus qu’à demi, nous sommes à demi morts de chagrin… » Ceux qui souffrent réellement se mettent en quête d’aventures périlleuses, pour absorber leurs regrets dans la fatigue physique, et noyer leur douleur dans l’excitation passionnée que procure le sentiment du danger.

À la Toussaint, à nos « messes du bout de l’an » correspondent là-bas les fêtes et anniversaires des morts que, suivant les cantons, on célèbre assez diversement ; mais partout on danse, on saute, on joue des pantomimes qui ont la prétention d’être des biographies ; on festoie aux dépens de la famille qui se démunit de tout pour bien faire les choses, distribuer largement de la victuaille et des fourrures. Ceux qui ne peuvent davantage ne donnent que des bagatelles, mais personne ne s’en retourne à vide.

À propos des silhouettes découvertes sur les fossiles de Thayingen, on contestait aux peuples enfants la faculté de