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les inoïts orientaux.

Au nouveau-né, la mère réserve les plus belles fourrures et le père sert le morceau délicat de sa chasse. Pour lui faire des yeux beaux, limpides et brillants, il lui donne à manger ceux du phoque. On se plaît à lui donner le nom de quelqu’un qui vient de mourir : — « pour que le défunt trouve repos dans la tombe[1] ». « Nom oblige », et, plus tard, l’enfant sera tenu de braver les influences qui ont occasionné la mort du parrain. Le brave homme est-il mort dans l’eau salée ? eh bien, que notre garçon se fasse loup de mer !

En toute l’Esquimaudie, pères et mères à l’envi choient leur progéniture, jamais ne la frappent, rarement la réprimandent. La petite créature se montre reconnaissante, ne geint ni ne criaille ; les bambins grandissant ne traversent pas d’« âge ingrat », ne se font pas taquins et revêches, contredisants et désagréables ; l’ingratitude n’est pas leur fait ; onques Inoït ne leva la main sur père ou mère. Dans le Groenland danois, on a vu des fils renoncer à des positions avantageuses pour revoir leurs parents, ou entourer de soins leur vieillesse. Vertu esquimaude que l’affection familiale. Maman Gâteau est une Inoïte, Inoït aussi le papa qu’un voyageur vit sangloter, — on l’eût coupé en morceaux qu’il n’eût pas poussé un gémissement, — sangloter, disons-nous, parce que son gamin n’arrivait pas à claquer du fouet aussi fort que les camarades. Ce père si tendre se gardera pourtant d’énerver le fils chéri, il tiendra à le faire chasseur infatigable, et pour faciliter la chose, lui servira la viande sur les grandes bottes qu’il a plus d’une fois imprégnées de sueur.

  1. Rink.