cloir, et enfin, si les moyens le permettent une lampe ; en retour elles recevront un costume complet ; quand elles l’acceptent, affaire conclue. Presque toujours, le jeune homme simule le rapt et la violence ; il est jusqu’à un certain point, sous l’obligation de se livrer à des voies de fait sur la personne de sa préférée. Sitôt après les noces, les conjoints ne gardent plus de ménagements, semblent étrangers à toute pudeur, et les missionnaires de s’indigner et de tancer leur indécence, leur sans-gêne excessif[1]. Ces grands enfants n’ont pas dépassé la période de l’animalité, ont encore à apprendre que tous les besoins physiques ne doivent pas être satisfaits en public. Ils s’excusent en montrant l’espace exigu dans lequel ils sont renfermés pendant de longs mois d’hiver : un trou sous la neige, où, toujours accroupis, il ne peuvent même s’étendre pour dormir.
La promiscuité dans laquelle ils se vautrent excite, à bon droit, notre dégoût. Mais prenons garde de nous en prévaloir comme d’un mérite, et de nous targuer d’une moralité due à plus de confort.
Tous les voyageurs constatent que, chez les Inoïts, le nombre des femmes l’emporte notablement sur celui des hommes, anomalie dont on n’est pas longtemps à découvrir la cause. Dans leurs expéditions si périlleuses, maints pêcheurs se noient malgré leur habileté à conduire leurs batelets par les plus grosses mers. Il en est du kayak comme de la cruche qui tant va à la fontaine qu’elle casse. Conséquence de cette mortalité masculine : la polygamie.
- ↑ Grundemann, Kleine Missions Bibliothek.