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les inoïts orientaux.

Sans trop réfléchir, on a donné à l’action calorique une prédominance qui appartient plutôt, nous semble-t-il, à l’action éclairante. Nous le voyons bien par l’exemple de ces Hyperboréens, qui, semblerait-il, auraient plus que personne besoin de recourir aux sources artificielles de chaleur ; ce qu’ils ne font guère. Mais ils ne se passent point de lumière. Et s’ils s’en passaient, on ne voit pas en quoi ils seraient réellement supérieurs aux ours, leurs rivaux, et aux phoques dont ils font leur pâture. Nous attribuons à la lampe, plutôt qu’au foyer, moins à la chaleur qu’à la lumière, la transformation en hommes des anthropoïdes plus ou moins velus.

L’énorme alimentation développe une chaleur intérieure qui a pour résultat inattendu de rendre Esquimaux et Esquimaudes remarquablement précoces. En ces contrées arctiques, la puberté s’acquiert presque aussi rapidement que dans les pays tropicaux, et il n’est point rare de voir des fillettes, même de dix à douze ans, se marier avec des garçons à peine plus âgés. Les éphèbes des deux sexes se tiennent à part autant que possible, tout au moins pour les jeux ; une stricte réserve leur est imposée.

La maisonnée n’aime pas à renoncer aux services de ses jeunes filles. Nombre de contes populaires nous les montrent empêchées par les frères d’épouser l’amoureux[1]. Ce n’est pas la dot qui arrête : elles apportent un couteau comme en ont nos selliers, un coupoir, un ra-

  1. Rink, Eskimo Tales.