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intérieurs.

ordinaire, ils éprouvent une répugnance insurmontable à l’endroit des ablutions, préjugé dont on devine les résultats au milieu d’une agglomération de digestions en travail. Par suite des ordures et du manque d’air, l’intérieur des huttes répand une puanteur presque insupportable, à laquelle contribuent des sacs de peaux ; la viande attend pendant plusieurs mois, se faisande de la belle manière. À l’entour, le sol est jonché d’innombrables ossements de morses et de veaux marins, mêlés à des lambeaux infects, à des crânes de chiens, d’ours et de rennes, même à des débris humains.

Le mobilier de ces demeures est à l’avenant. Ross décrit les outils et instruments comme mesquins à l’extrême : traîneaux non pas en bois, mais en os, lances qu’appointe la dent du narval[1], pauvres couteaux dont la lame est incrustée de fer météorique[2], parfois à l’état de minerai.

« Un Esquimau, ayant entendu sonner une pendule dans un établissement danois, demanda si les montres parlaient aussi. On lui présenta une montre à répétition :

— Demande l’heure toi-même !

— Madame et très excellente personne, serait-ce un effet de votre bonté de vouloir bien me dire l’heure ?

On pressa le bouton, et… « Trois heures un quart », fit la montre.

— C’est bien cela, répondit le brave homme. Madame, je vous suis fort obligé. »

Particularité des Itayens : ils ne connaissaient les arcs et les flèches que de nom, bien que les autres Inoïts soient d’habiles archers, et même que plusieurs aient appris à manier adroitement le fusil.

  1. Monodon monoceros.
  2. Pallas.