Page:Reclus - Les Primitifs.djvu/45

Cette page n’a pas encore été corrigée
25
le palais du nord.

matériaux, tels que plaques de schiste, côtes d’ours, vertèbres de baleines, dents de morse ; on remplace briques ou planches par des peaux tendues le long des parois.

Voici la description que nous fait Hayes d’un palais du Nord, la plus somptueuse bâtisse de toute l’Esquimaudie :

« La maison du gouverneur danois d’Upernavik, construite dans le même style que celles du village et de toutes les habitations indigènes du Groenland, est relativement grande et commode. Le vestibule, moins long que dans les huttes ordinaires, ne sert pas de chenil aux chiens de tout âge, le propriétaire étant assez riche pour donner à ces membres de la famille esquimaude le luxe d’une demeure séparée. Ce corridor est haut de quatre pieds au lieu de trois, et l’on court moins de risques à se heurter le crâne en entrant. Le toit, le sol, les parois, tout est garni de planches apportées des entrepôts danois. Les huttes du commun ne mesurent que douze pieds de long sur dix de large. La maison du gouverneur a, comme celles-ci, une seule chambre, mais de vingt pieds sur seize. Les murs, hauts de six pieds et épais de quatre, sont, comme partout, construits en pierre et gazon. Le toit est formé de planches et de madriers à peine équarris. Le tout est recouvert de mottes. En été, à cinquante pas de distance, la cabane a l’air d’un monticule verdoyant, et se confondrait avec la pente herbeuse, n’était le tuyau de poêle qui fait saillie, et la fumée du charbon danois qui s’en échappe. Le pays ne produit d’autre combustible qu’une mousse sèche, les natifs l’imprègnent d’huile de phoque, la brûlent dans le plat de stéatite qui sert à la fois de lampe et de foyer. Au milieu de la chambre, le sol s’élève d’un pied ; sur cette estrade nous prîmes place avec les différents membres de la famille. Au fond, des sacs d’édredon étaient empilés. Quand vient l’heure du sommeil, chacun étend sa couchette où il veut. Ni murs, ni paravent ; les jeunes filles prennent un côté de la case et les garçons l’autre. »