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les kolariens du bengale.

ture. Il méprise toutes les industries qui se praliquent par assis, tous les métiers dans lesquels on vieillit à son aise. La charrue le repose des combats, et les combats le restaurent après les labeurs de la charrue. Chez ce peuple singulier, la guerre ne coupe pas court aux relations entre familles et tribus ennemies, aux galanteries et aux demandes en mariage. Même les noces ne sont pas ren- voyées à la conclusion de la paix; les belligérants sus- pendent les massacres pour se rencontrer à des fêtes et réjouissances où ils se traitent avec courtoisie et s’amusent, semble-t-il, avec une parfaite insouciance, pour s’entr’égorger le lendemain avec autant de férocité que de bonne humeur. Cruels, ils le sont, mais non pas méchants: ils ont le meurtre gai. Ce qu’il faut attribuer à la bonne foi parfaite avec laquelle ils attribuent la mort et la victoire à l’intervention immédiate et person- nelle de leurs divinités, seules tenues pour responsables.

Assurément, les tribus khondes comprennent la guerre autrement que nous. Ils en font laccomplissement d'un rite religieux et d’un devoir moral, grâce auquel la popu- lation masculine prend du ton et du nerf, grâce auquel les dieux se gorgent du sang, du précieux sang humain, dont ils se montrent si souvent altérés.

Semblablement, les anciens Mexicains s’envoyaient de temps à autre un message : « Nos dieux ont faim. Venez, les amis, et entre-tuons-nous pour leur donner à man- ger. » Ainsi, en 1454, lors de la grande famine, les prêtres se plaignirent, au nom des Immortels, que les prison- niers, procurés par les expéditions lointaines, arrivaient trop fatigués et amalgris pour être appétissants aux dicux. En conséquence, les libres républiques d’une part, et les trois royaumes d’aütre part, convinrent qu'ils entretien-