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les kolariens du bengale.

« Le gibier des jungles, les fauves se sont-ils plaints qu’une plus longue paix leur serait fatale ?

« Les abeilles, les oiseaux ont-ils craint d’être exterminés par nos chasseurs ? Les bœufs sont-ils fatigués de porter le joug, de traîner la charrue ?

« Avais-tu quelque autre raison à nous inconnue ? Quoi qu’il en soit, pour ce qui nous concerne, nous en avons assez, et nous aimerions que la paix nous fût rendue, si tel est ton bon plaisir.

« Qu’il te plaise nous faire connaître ta volonté ! »

Dans un plat, le djanni verse maintenant de la graisse fondue, allume une mèche. Si la flamme s’élève haute et droite, Loha veut continuer la guerre ; mais si la flamme s’incline, Loha accepte qu’on se réconcilie.

Contre-épreuve : un œuf est dressé sur un plat de riz. Comme pour la flèche, selon qu’il restera debout ou qu’il tombera, le dieu sera pour la guerre ou la paix :

« Loha, si tu veux que la guerre se poursuive, donne-nous une force qui dure jusqu’à ce que les armes échappent aux mains du dernier adversaire.

a Si tu veux la paix, ton service n’en souffrira pas. Mais, alors, agis sur les cœurs pour que la paix soit loyale et sincère. Sonde les âmes de nos ennemis, sonde les esprits de leurs dieux, découvre le fond de leurs pensées.

« S’ils désirent la tranquillité autant que nous-mêmes, nous danserons la danse de la paix, et nos pieds soulèveront une poussière qui de trois jours ne retombera sur le sol. »

Il suffit, et l’on entame les négociations. Elles aboutissent. Le prêtre convoque les deux tribus et entonne une de ses longues litanies :

« Que la multitude assemblée prête l’oreille !