chou Nagasses, qui, quelque guerre que se livrent leurs maris, n’interrompent pas leurs petites visites et leurs affaires quotidiennes. La neutralité est reconnue de celles qui voient s’entre-tuer époux et pères, frères et amis d’enfance ; on ne trouve pas mal qu’au lendemain d’une bataille elles mélangent les regrets et les pleurs. À elles de s’entremettre et de se concerter pour la paix, et, au moment propice, de faire agir une tierce tribu qui s’interpose et envoie des hérauts pour crier : Assez ! c’est assez !
D’ordinaire, on répond : — Nous n’avons pas voulu la guerre ; c’est Loha qui l’a exigée ; s’il veut qu’elle continue, les flèches partiront malgré nous.
— Sans doute, répliquent les pacificateurs. Mais, si Loha est satisfait, tenez-vous pour contents. Nous allons le consulter. Que l’un et l’autre partis envoient chacun deux hommes, pour être témoins de sa réponse. »
Le djanni apporte du riz, y fiche une flèche prise au sanctuaire d’Apollon Loha. — La flèche reste droite ? Que la guerre suive son cours ! — La flèche s’incline et tombe ? Que la paix soit conclue !
Cependant les belligérants demandent un nouveau signe. Pourquoi pas ? Le prêtre convoque tout le monde devant l’autel, invoque le dieu :
— « Ô Loha ! tu avais décidé la guerre. Pourquoi ? Nous l’ignorons.
« Voulais-tu préserver entière notre vaillance, qui eût pu se détériorer dans l’inaction ? Voulais-tu empêcher nos ennemis de devenir trop forts ? Voulais-tu nous soustraire à la paresse et à l’indolence ? Voulais-tu honorer tes amis par une belle mort ?
« Peut-être les forgerons, les tisserands et les distillateurs t’avaient incité à nous jeter dans une guerre qui leur a valu gains et profits.