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les kolariens du bengale.

Une flèche est lancée par delà les limites ; les hommes bondissent après. D’un arbre qui croît sur le sol ennemi, les messagers coupent un rameau, l’emportent. Symboles parlants, et qu’on peut dire universels, puisqu’on les trouve chez des populations aussi dissemblables que les Nagas, les Romains et les Moundroucous de l’Amérique Méridionale[1]. De retour au sanctuaire, le djanni entoure cette branche de peaux et de chiffons ; à deux branchilles simulant les bras il attache des armes ; puis il abat, devant l’autel, le mannequin représentant l’ennemi et accoutré en guerrier.

« Ô Dieu de Lumière, et toutes autres divinités, témoignez que nous avons exécuté toutes les prescriptions ordonnées.

« Donc, Dieu de la Guerre, abstiens-toi de nous visiter sous forme de tigres, de fièvres et autres fléaux !

« En toute justice, la victoire nous est due.

« Écoutez, ô dieux ! nous demandons, non point d’être garantis de la mort, mais de n’être point estropiés.

Couvrez-nous de gloire, ô dieux ! et n’oubliez point que nous sommes les neveux des héros, vos illustres amis ! »

Ces préparatifs terminés, il reste à notifier la déclaration de guerre, car la loyauté exige que l’ennemi ait le temps de s’armer, de prendre toutes mesures défensives ; d’accomplir les cérémonies qui captent la faveur des Immortels, et par suite le succès. Chaque côté promet à Déméter une victime humaine, et à Mars-Apollon larges lampées du sang des boucs et des poulets.

Le chef du village dépêche de jeunes messagers qui courent aux endroits désignés. Brandissant un arc et des

  1. Spix und Martius.