la poitrine ensanglantée. Elle demanda : — Qu’avez-vous, les enfants ?
« Et les garçons de répondre : — Avec les gens de là-bas on s’est amusé avec des feuilles de glaïeul, on s’est chatouillé les côtes.
« La mère pansa les plaies et dit : — Fi du glaïeul ! laissez là le glaïeul, mes enfants !
« Quelques jours après, les fils revinrent, tout hérissés de pointes épineuses ; ils en étaient couverts, comme un mouton de sa laine. Derechef Ambali guérit les égratignures.
« Et dit : « Il est peu séant de se battre de la sorte. Au pays des Indous, allez chercher du fer, forgez-le en haches et pointes de flèche, courbez en arc le bambou, ornez vos têtes de plumes, cuirassez-vous de peaux, et toiles, allez à la bataille.
« La bataille aiguise les esprits, affermit les cœurs. Par suite, vous aurez des tissus, du sel et du sucre, et vous apprendrez à connaître d’autres hommes, d’autres manières. »
« Les fils et les petits fils d’Ambali allèrent donc à la bataille, mais presque tous y restèrent. Les survivants revinrent et dirent : « Mère, nous t’avons obéi ; mais que de morts ! Devant le terrible tranchant du fer, il est impossible de subsister. »
« Et Ambali Baylie de répondre : « Il est vrai, dans le fer n’entra aucune goutte de pitié. Mais, vous autres, chauffez-le au feu de forge, battez-le avec un marteau et modifiez la barbelure de vos flèches ! »
« Ce qu’ils firent, et, depuis, le fer ne fait plus périr tous ceux qu’il frappe. Nonobstant, il défend les limites sacrées, protège notre avoir et nos droits. »
Après une pause, le prêtre crie à l’un des groupes : « Aux armes ! aux armes ! Je vais de l’avant ; marchez ! »
Guidée par l’homme du Dieu, une bande pousse jusqu’à la frontière de la tribu qu’on a résolu d’attaquer.