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les kolariens du bengale.

« Que les armes hostiles soient fragiles comme les siliques de l’arbre karta, mais que nos haches, puissantes autant que les mâchoires de l’hyène, écrasent les os et broient les chairs !

« Que nos hommes de petite taille abattent des géants !

« Fais, ô dieu ! que dans la bataille nos épouses soient fières de porter le manger aux braves comme nous ! Que les tribus étrangères, admiratrices de nos exploits, nous offrent leurs filles !

« Aide-nous à piller les villages, à razzier les bœufs, à piller du tabac ! Que nos femmes aient pour leur part des vases de cuivre ! Joyeuses, elles les porteront à leurs parents.

« Assiste-nous, ô Dieu ! assiste aussi nos alliés, en retour des nombreux poulets, porcs, brebis et bœufs que nous t’avons offerts.

« Quelle est notre requête ? Que tu tiennes la main à l’exécution des ordres par toi donnés. Que tu nous protèges comme tu as protégé les héros nos ancêtres.

« Exauce, ô dieu, exauce ! Loha, divinité guerrière, que le fer reprenne en nos mains sa vertu primordiale ! Que nous devenions riches, grâce à son tranchant ! Devenus riches, nous t’enrichirons, ô notre protecteur et ami ! »

Sur ce, les guerriers reprennent leurs armes fadées par le contact avec l’autel, et les brandissent au-dessus de leurs têtes. De nouveau le prêtre impose silence, récite la liturgie du Fer :

« Au commencement, le Dieu de Lumière créa les montagnes, créa les fleuves, créa les ruisseaux, créa les plaines, créa les forêts et les rochers, créa le gibier, créa les animaux domestiques. Après quoi il créa l’homme, et après l’homme le Fer.

« Mais l’homme ignorait encore les usages du Fer.

« Une femme, Ambali Baylie était son nom, vivait avec ses fils, deux guerriers… Un jour, ils parurent blessés et