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les kolariens du bengale.

au père de les réclamer quand ils auront grandi. Ailleurs, on y met moins de complaisance ; elle ne peut quitter étant enceinte, ou avant d’avoir sevré le nourrisson ; mais on ne lui fait aucune difficulté si elle est restée sans enfants. En tout état de cause, le père de la malcontente est tenu de rembourser jusqu’au dernier sou qu’a payé le mari divorcé. En réintégrant la maison paternelle, la jeune personne déclare par le fait reprendre son ancienne condition de fille. Mais si elle entend convoler en secondes noces, elle n’aura plus besoin de se faire enlever. Cent individus adultes fournissent une moyenne de soixante-quinze célibataires, tous tenus de la recevoir à bras ouverts si elle demande hospitalité. Si l’homme qu’elle distingue se dérobe aux avances, le clan tout entier répond pour lui, se déclare l’hôte de la belle, lui donne bon gîte et le reste, jusqu’à ce qu’elle se déclare satisfaite. Souvenir de polyandrie.

Dans le cours de sa carrière conjugale, la Khonde qui se respecte a exercé son droit de mutation trois, quatre ou cinq fois. Rare anomalie, — la réciproque n’est point admise pour le mari. S’il veut s’adjoindre une concubine, qu’il obtienne le consentement de sa légitime. Ne pouvant, comme sa compagne, arguer de l’incompatibilité d’humeur, il ne saurait divorcer qu’en cas d’adultère notoire, d’inconduite flagrante ou prolongée de la part de madame, à laquelle l’opinion est loin de tenir rigueur pour quelques coups de canif dans le contrat. S’il la surprend en conversation criminelle, toute voie de fait lui est interdite. Ce serait une honte, s’il frappait la femme, lui manquait d’égards ou seulement insultait l’amant. S’il use de rigueur, il exclura l’infidèle de son foyer pen-