la prenaient de quatorze à seize ans, âge auquel la fille de ces cantons est déjà formée de corps et de caractère. Et, pour que le fils n’eût pas la prétention d’en faire à sa tête, on le mariait quand il n’avait que dix à douze ans ; Tonton le chargeait à cambelarge sur la nuque : « Et hop dada ! et hop dada ! nous allons enlever une demoiselle, hop dada ! Et nous la donnerons à Toto, hop dada, hop dada ! » La comédie de l’enlèvement ayant été menée à bonne fin, le petit homme attendait la consommation du mariage, que papa retardait toujours, pour des raisons à lui connues. Cependant on ne nous dit pas que le père khonde fasse exactement comme les Reddies de Tinevally, les Vellalah de Coimbatore et comme tant de moujiks russes, lesquels prennent la peine de dresser au joug et d’instruire dans la physiologie conjugale la grande fille qu’ils ont mariée au « gosse » et laquelle, en attendant épousailles officielles, mène le petit mari tambour battant. Au jour des noces, on fera remise à l’époux de sa femme et de plusieurs enfants grandelets[1]. Pendant les années d’apprentissage, Khondet s’habitue à marcher sous la direction de Khondette, sa légitime et sa prétendue tout à la fois ; et, quand il aura enfin le droit de parler en maître, pourra-t-il rattraper l’avance qu’elle a sur lui de quelques années ?
L’épouse est si peu traitée en esclave que, après six mois de cohabitation, le droit lui est reconnu de planter là le mari qui n’a pas su plaire. S’il lui prend fantaisie, elle s’en va pour ne plus revenir. En certains endroits, on lui permet de partir, qu’elle soit grosse ou non des œuvres de son mari ; elle emmène ses enfants en bas âge, sauf
- ↑ Shortt, Neilgherry Tribes.