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violence pour rire.

de la jeune personne, qu’il fait mine de pousser quelque peu rudement hors du ruisseau, puis, de propos délibéré, il lui marche sur les talons, la saisit par le bras ; mais sa main se fait bientôt caressante, et il ralentit son allure. Tandis qu’elle trottine, il décoche une flèche entre la cruche et le bras qui la soutient : « Avance sans crainte, mon arc te fait chemin libre ! » Quand elle arrive à la flèche, de l’orteil et du premier doigt elle la ramasse délicatement, l’offre avec une révérence au maître et protecteur qui remercie par un signe de tête[1]. Rapt tourné en idylle.

Les Gonds non plus ne veulent pas s’échauffer. Quand la fille est enlevée, ses frères et cousins font semblant de ne pas y prendre garde, mais les sœurs et camarades attaquent bravement, crient qu’elles feront lâcher prise aux insolents :

Nous étions trois filles,
Filles à marier :
Nous nous en allâmes
Dans un pré danser.
Dans le pré, mes compagnes,
Qu’il fait bon danser !

Nous nous en allâmes
Dans un pré danser ;
Nous fîmes rencontre
D’un joli berger.

Il prit la plus jeune,
Voulut l’embrasser ;
Nous nous mîmes toutes
À l’en empêcher…

  1. Dalton.