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les inoïts orientaux

râtre, recouverte d’une couche huileuse de crasse, est au toucher d’un froid désagréable. L’hiver lui donne un teint très clair, presque européen, mais, au premier printemps, elle brunit et noircit, par une mue, dirait-on. Tout malpropre qu’elle soit, leur figure ouverte et bonasse impressionne favorablement l’étranger. La moyenne des Inoïts oscille entre 1m,5 et 1m,7[1].

Le nom des Esquimaux, ou Mange-Cru, n’est qu’un sobriquet, avons-nous vu. Eux-mêmes se titrent d’Inoït, mot qui signifie l’homme. Car, sous toutes les latitudes, les sauvages s’octroient cette appellation flatteuse entre toutes. Du Tschouktche au Dinné, au Canaque et à l’Apache, il n’est barbare qui, en bonne conscience, et avec une conviction parfaite, ne s’attribue la qualité d’homme par excellence. Toutefois, comme les voisins en font autant, force a été de distinguer entre ces « hommes » et ces « hommes ». Et ils ont pris des désignations spéciales, telles qu’Hommes-Corbeaux, Hommes-Loups, Hommes-Renards.

Parmi les plus naïfs, nous pouvons compter les Koloches, variété de la race esquimaude, lesquels croient former à eux seuls une bonne moitié de la terre, habitée premièrement par les Koloches, et en second lieu par les non-Koloches. Les anciens Beni Israël ne connaissaient non plus que deux pays au monde : la Terre Sainte, la leur, et le reste des contrées habitables ou inhabitables, toutes profanes et souillées. La cosmogonie esquimaude raconte que Dieu, — c’était un Groenlandais nommé Kellak, — pétrit d’une motte de terre le premier homme et la première femme. Il s’essaya sur Kodliouna, l’homme-blanc,

  1. Fr. Mueller, Allgemeine Ethnographie.