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les kolariens du bengale.

Nos Khonds tendaient à se grouper en nation. Déjà se constituaient des confédérations formées de tribus qui se membraient et s’articulaient, contractaient des alliances offensives et défensives, obéissaient à un conseil suprême composé des chefs respectifs. Sitôt qu’elle fonctionne, pareille confédération oblige ses ennemis et rivaux à former des combinaisons opposées, mais de même ordre. Après de vaillantes campagnes, après de terribles batailles, dans lesquelles gagnants et perdants se couvrent de gloire, les vaincus sont rendus tributaires, et, pour les maintenir dans la soumission, les vainqueurs restent sous les armes, serrent les rangs, s’astreignent à la même discipline que pendant la bataille, et, après quelques générations, le groupe national a gagné de la consistance et généralement adopté la forme monarchique. En Khondie, le chef habite au centre du village, dans la maisonnette qu’ombrage le grand cotonnier planté par le prêtre. L’arbre est la demeure aérienne du saint patron, le temple de la divinité protectrice ; sa croissance et sa vigueur réagissent sur la population dont il est le symbole. Les indigènes sont notés pour l’attachement qu’ils portent à leurs chefs de clan, qu’ils n’ont aucune raison de redouter, aucune de jalouser. Patriarcale est l’idée qu’ils se font du pouvoir comme soutien de la justice, défenseur de la propriété, arbitre des conflits. Les différends sont portés devant le conseil des notables, qui prononcent l’arrêt, puis mangent du bon et boivent du meilleur aux dépens de la partie perdante. À la mort du cacique, ils acclament son successeur, le fils aîné le plus souvent, à moins qu’un frère ou tout autre individu ne soit jugé plus digne. Quand les gouvernants ne se montrent pas trop au-dessous de leur tâche, le peuple que l’inconnu n’attire point, et qui innove