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physionomie esquimale.

délogés par les premiers Hurons, Iroquois et Algonquins.

Une science moins incomplètement renseignée prononcera sur ces assertions. Plusieurs savants les estiment déjà suffisantes pour résoudre la question si difficile du peuplement de l’Amérique. Ils affirment que tout le continent occidental, depuis le cap Golovine jusqu’au détroit de Magellan, a dû ses habitants à une seule et même race esquimoïde. Toujours est-il que les races des Inoïts et Peaux-Rouges, malgré la haine qui les divise, se trouvent rapprochées par des types intermédiaires dans la vaste Alaska et la Colombie britannique. Et du côté de l’Asie, les voyageurs enclins à remarquer les ressemblances plutôt que les dissemblances, ne manquent pas de constater que l’Inoït verse, par transitions insensibles, dans le Yakoute et le Samoyède.


Qui ne connaît la physionomie esquimaude ? Gros tronc sur jambes courtes, extrémités remarquablement petites, doigts pattus, chairs molles. Crâne essentiellement dolichocéphale[1]. Tête grosse, pommettes saillantes, figure large, pleine et joufflue, cheveux noirs, longs, durs et raides, nez écrasé. Un voyageur a dit plaisamment que sous ces latitudes une race à nez romain n’eût pu se maintenir[2] : trop souvent la protubérance munie de l’appareil olfactif eût gelé et fût tombée, tandis qu’un nez plat est moins exposé. Les traits du visage, et en particulier les yeux, offrent une ressemblance marquée avec ceux des Chinois et des Tartares[3]. La peau, nuancée de jaune noi-

  1. On les a même appelés scaphocéphales : ceux dont la boîte cranienne est en forme de bateau.
  2. F.W. Butler, The Wild North Land.
  3. Lubbock, l’Homme avant l’histoire.