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les kolariens du bengale.

pour passe-temps les procès qu’ils s’intentent, ils se provoquent devant les tribunaux sous des prétextes futiles ; dans leurs duels judiciaires, ils rivalisent de menteries et perfidies. Mais chez les Kolhs et les Khonds, autres mœurs. Rares d’homme à homme, les querelles sont encore plus rares d’homme à femme. L’époux qui se permettrait de blâmer sa moitié devant le monde, de la menacer, voire de l’insulter, soulèverait la réprobation, exciterait l’indignation générale. Il n’en faudrait pas tant à l’épouse pour la faire se détruire ; trop souvent il a suffi d’un reproche discret pour provoquer un empoisonnement ; une parole ironique, un compliment mal compris, et plus d’une s’est pendue. Elles se figurent que l’âme du suicidé revient tourmenter l’offenseur : idée qui a cours dans l’Inde entière, dans l’extrême Orient, et qui a certainement inspiré aux Japonais leur pratique bien connue du harakiri.

Dalton dit de ces sauvagesses qu’elles gagnent les cœurs par des manières franches et ouvertes, une naïve gaieté. Frayant dès leur enfance avec l’autre sexe, elles n’ont rien de la pruderie des Indoues et des musulmanes, élevées dans une réclusion rigoureuse, pruderie qui par moments fait place à des propos grivois et abonde en sous-entendus obscènes. On vante, au contraire, les grâces décentes des fillettes Hos ou Moundah, des petites Larka… Patience ! Bientôt la civilisation les guérira de cette barbarie, les corrigera de leur ignorance.

Jusqu’à la seconde moitié du présent siècle, les Khonds abominaient toute espèce de commerce, ne voulaient faire usage d’argent ni de monnaies, rejetaient les coquillages comme moyen d’échange ; au lieu de mesurer en espèces la valeur des choses, ils les supputaient en « vies », même