Page:Reclus - Les Primitifs.djvu/323

Cette page n’a pas encore été corrigée
303
greffer le sauvageon.

habitation plus salubre, un travail modéré et soutenu, embellissent promptement le corps et le facies ; les enfants surtout prennent meilleure tournure. Aux physiologistes de prononcer sur la question.

L’ignorance forcée dans laquelle ces aborigènes ont croupi si longtemps, n’a pas eu non plus l’effet désastreux qu’espéraient leurs ennemis. Les castes ultimes, il est vrai, les plus misérables des hordes, sont affolées et abruties, mais le grand nombre ne paraît pas détérioré dans les œuvres vives. L’intelligence, quoique limitée et restreinte à un petit nombre d’objets, reste saine et susceptible de développement. Nous comparons l’Indou à l’arbre fruitier que des horticulteurs ont soigné pendant de longues générations, lentement développé et ennobli. Appartenant à la même famille, les sauvageons croissent dans la forêt, ne donnant que fruits aigres et coriaces, mais les racines sont vigoureuses, le bois jeune ; il suffirait de quelques bonnes greffes pour transformer le produit. Ainsi des Kolhs et Khonds. Les classes supérieures, les nations civilisées, s’endorment facilement dans le luxe, versent dans l’immoralité, le factice et le convenu, dans le byzantinisme sous toutes ses formes, dans la sénilité niaise et vaine. Mais les classes dites inférieures, mais les nations incultes sont, de par les nécessités de l’existence, contraintes à toujours agir, toujours travailler et par suite à se tenir dans les limites de la réalité et d’un certain bon sens. Les missionnaires déclarent que la jeunesse de leurs écoles, pourvu qu’on sache la prendre, se montre accessible à l’instruction, et que deux ou trois générations la mettraient au niveau des enfants brahmanes.

Nous ne prétendons pas trancher la question ; il nous suffit d’en avoir indiqué les termes. Une certaine école