Page:Reclus - Les Primitifs.djvu/313

Cette page n’a pas encore été corrigée
293
alimentation.

dent les vilains noirs : bouche large, lèvres épaisses, mâchoires prognathes, nez ridiculement aplati, narines écartées, front fuyant, cheveux crépus autant que laine de nègre.

Chasse et sauvagerie sont presque synonymes. Ces populations sont arriérées, en proportion de la part pour laquelle la chasse entre dans leurs moyens de subsistance : d’autant plus sauvages qu’elles font moins d’agriculture. Le plateau n’est pourtant pas de trop mince couche végétale ; ne manque pas non plus de pluies ; mais les eaux ici se précipitent en torrents dévastateurs, et la croupissent dans les marais, corrompant l’air de leurs émanations pestilentielles. Le sol est mal exploité, mal cultivé. Aux plus misérables, qui vivent sur les produits spontanés de la brousse, toute viande est bonne : chiens, chevaux, chacals, grenouilles, chair vivante, chair abattue, du frais ou du pourri, ils font profit de tout ; du tigre au serpent, du crocodile aux insectes : tout passe au garde-manger. Ils ne peuvent qu’être un objet d’horreur pour les Indous, qui mourraient plutôt que de goûter à un filet de bœuf ou de vache, pour les Musulmans, qui ont le porc en abomination et qui expliquent le nom de Kolh par « tueurs de cochons », sobriquet dont les incriminés s’affectent médiocrement. Brahmanes et Musulmans font un crime aux nomades Birhors d’être anthropophages ; mais nous ne le leur reprocherons pas, leur cannibalisme étant inspiré par la piété filiale : les parents, à l’article de la mort, demandent comme une faveur que leur corps ne soit pas abandonné sur le chemin ou dans la forêt, mais trouve